Les points saillants de l’étape
Afin de mieux comprendre et soigner son absentéisme, l’entreprise les Œufs Geslin a engagé une démarche de travail pour agir sur cet indicateur : elle a d’abord réalisé une analyse pour mieux comprendre son absentéisme, en identifier les causes et construire un plan d’action. L’entreprise a également participé au cercle absentéisme organisé par le cabinet Artésial, en partenariat avec l’Aract des Pays de la Loire et Ligeriaa pour échanger avec d’autres entreprises du secteur, identifier des bonnes pratiques et des méthodes de travail. A la suite de ce cercle, 9 fiches outils ont été construites pour capitaliser sur les leviers d’action abordés avec les entreprises.
Quelles actions concrètes l’entreprise a-t-elle mis en place pour réduire son taux d’absentéisme ? Comment les entreprises peuvent-elles être accompagnées dans leurs démarches ?
Le travail sur l’absentéisme passe par une démarche structurée
Analyse des données sociales
Avant de se lancer dans une démarche sur l’absentéisme, il est indispensable d’en définir les contours et d’analyser les chiffres de manière détaillée.
Pour l’entreprise les Œufs Geslin, le calcul du taux d’absentéisme s’est fait en retenant uniquement *:
- les arrêts maladie
- les maladies professionnelles
- les accidents de travail ou de trajets domicile-travail
* Elle n’a pas pris en compte les arrêts de travail injustifiés qui sont pris en compte dans les calculs selon l’Anact.
Claire Bertin, assistante RH a présenté l’analyse faite selon les services, les horaires de travail, les tranches d’âge et d’ancienneté. L’analyse a montré par exemple que les services de lavage de cuves et de maintenance étaient les plus touchés par les accidents de travail, et que la population la plus concernée avait moins de 5 ans d’ancienneté dans l’entreprise.
Identifier les causes potentielles
Les Œufs Geslin ont identifié plusieurs causes potentielles aux différents types d’absence :
Pour les maladies professionnelles et les accidents du travail
- Une baisse de vigilance dans la réalisation du travail
- Un manque de formation à la sécurité au poste de travail
- Un manque d’analyse des postes de travail pour limiter les expositions et la fatigue
- Une insuffisance du rangement et du nettoyage des espaces de travail entraînant des risques d’accident
- Une méconnaissance du matériel utilisé et les risques encourus
- Des mauvaises postures de travail
Pour les arrêts maladie :
- Des maternités précédées d’un arrêt maladie pré-congé maternité
- Des maladies saisonnières en augmentation
- Une vague de fatigue concentrée sur les mois de mai et octobre
- L’exposition de certains services aux contraintes météorologiques
- Un rapport au travail très différent selon les tranches d’âge
- L’importance de l’articulation vie privée / vie professionnelle
- Un phénomène d’usure au travail en raison de mauvaises postures
Des pistes d’action
Pour identifier et valider les pistes d’action, il est important pour l’entreprise d’impliquer le CHSCT.
L’entreprise les Œufs Geslin a ainsi sollicité le CHSCT pour valider diverses actions :
- Chaque mois communication du taux d’absentéisme aux salariés.
- Mise en place d’un « Point 5 minutes » qui permet chaque semaine de parler du taux d’absentéisme, entre autre, et de voir son évolution.
- Achat de matériel de manutention (autoporté, transpalette rehausseur), bras d’alimentation
- Travaux d’aménagement dans le service lavage de cuves
- Toutes les bottes ont été changées pour éviter de glisser et donc limiter le nombre d’accidents de travail.
- Étude de bruit dans chaque atelier en collaboration avec le RESTEV
- Modification des horaires de travail en 2x8h pour l’atelier grand conditionnement au lieu de 3x8h
Alexandra Bachelier, responsable RH, raconte que depuis l’aménagement du service lavage de cuves, pour limiter l’impact de la météo sur les conditions de travail, l’absentéisme de ce service est en baisse.
Lien entre RPS et absentéisme
Selon le 10ème baromètre sur l’absentéisme, réalisé par Ayming-Kantar TNS, parmi les facteurs d’absentéisme, l’insatisfaction sur la qualité de vie au travail compte pour près de 42 %.
Mme Baudry du Restev a expliqué pourquoi l’absentéisme était une conséquence des RPS (risques psychosociaux). « Pour permettre de réduire l’absentéisme, il faut miser sur la prévention, à travers une politique de santé et améliorer la Qualité de Vie au Travail », explique-t-elle.
Les services santé au travail peuvent accompagner les entreprises dans leurs démarches à travers des équipes pluridisciplinaires (par exemple : psychologue du travail, ergonome…). Le lien avec le médecin du travail est donc essentiel pour mobiliser les bons acteurs pour l’entreprise.
La relation humaine
Lors des nombreux échanges entre les participants de cette étape Agro Tour, le rôle du manager a souvent été mis en avant comme essentiel pour agir sur l’absentéisme. En effet, la relation humaine et la cohésion d’équipe sont indispensables pour les salariés des entreprises.
L’absentéisme est un indicateur qui évolue lentement
Plusieurs entreprises participantes ont fait part de leur découragement face à un taux global d’absentéisme qui ne diminuait pas. L’Aract a tenu à préciser que les actions mises en œuvre n’avaient pas forcément d’impact direct sur le taux d’absentéisme global qui est multifactoriel et qui peut être lié à d’anciennes pratiques. Pour évaluer les effets des actions, il est important de continuer à analyser l’absentéisme par service et population.